Comptines

Le printemps de sam


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  • Dans le village de Dorville, à chaque fois que naît un enfant, on plante un arbre dans son jardin. Ainsi, en même temps que l’enfant grandit, grandit l’arbre qui l’accompagne. Par la fenêtre de sa chambre, Sam ne cesse de regarder le sien. Car, à mesure que les années passent, il se rend compte que quelque chose ne va pas.
  • Dans les jardins d’à côté, les arbres se transforment au fil des saisons. L’hiver, ils courbent leurs branches sous la neige. Au printemps, les bourgeons poussent. L’été, de petites fleurs blanches percent au milieu de belles feuilles vertes et, en automne, ils font tomber avec grâce des feuilles jaunes sur l’herbe des jardins. Mais pas le sien. Celui de Sam reste sec et rabougri, son tronc fragile ressemble à un morceau de bois planté dans la terre.

    Qu'y a-t-il Sam ? fait soudain une voix derrière lui. Tu pleures ?

  • Bien sûr, à Dorville, ses copains se moquent de lui : « Hé Sam, tu devrais lui coller des feuilles en tissu sur les branches ! » Ou encore : « A l’automne prochain, je te donnerai des feuilles mortes. Tu n’auras qu’à les poser au pied de ton bout de bois ! » Seule Laura, sa petite voisine, lui dit : « Ne t’inquiète pas Sam, un jour il fleurira. »
  • Un nouveau printemps approche. Sam a tout essayé. Il a arrosé son arbre avec des engrais divers, il lui a parlé, lui a chanté des chansons, mais en vain. Une immense tristesse l’envahit. Il s’assoit au pied de son arbre et sent ses yeux le piquer. « Qu’y a-t-il, Sam ? fait soudain une voix derrière lui. Tu pleures ? » Incapable de répondre, Sam libère de grosses larmes qui roulent sur ses joues et tombent au sol. Laura – car c’est elle – s’approche alors et demande : « Je peux pleurer avec toi ? » Et pendant une heure, leurs larmes se mélangent à la terre.
  • Le lendemain, Sam est réveillé par des cris. « Vous avez vu ? » « Mais qu’est-ce qui s’est passé ? » Encore en pyjama, il se précipite dans son jardin et découvre à la place de son morceau de bois, un arbre magnifique aux branches gonflées de bourgeons prêts à éclater. Laura se tient parmi tous les copains admiratifs. Il la rejoint. « Je te remercie, tes larmes sont magiques ! » dit-il. Elle hausse les épaules et répond : « Il fallait juste qu’on soit deux pour le réveiller. » Et tous les deux, main dans la main, admirent l’arbre en souriant.
  • Par Stéphane Daniel